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roman-blog
18 avril 2005

B

On écrit avec son sang... Tout passe par le sang, pourquoi ne pas le dire, et moi je t'écris avec ma plume, même si je sais que la lettre ne partira pas. Où es-tu ? M'entends-tu ? Je suis bien un fils indigne et impie, n'est-ce pas ? Oh, ma fille, tu verrais comme elle est belle, et douce... À la fin, même les bébés ça ne t'intéressait pas tellement. Fascination, peut-être... Intérêt, oui, mais pas comme nous autres, de ce coté-ci de la barrière... Oui, tu sais, elle pousse bien, elle est coquine. Moi hier j'ai chanté une cantate de Bach, dans une église, ça t'aurait plu. Ça t'a plu ? Et moi, je suis vivant. En attendant. C'est tellement peu de choses, n'est-ce pas ? Non, tu n'aimerais pas que je dise cela. C'est le reste qui est peu de chose peut-être. Tu dois le savoir et bien rigoler. Non, ce n'est pas ton genre non plus. Je ne sais pas ce que tu fais, pourtant je sais que tu es là, dans cet espace libre de l'âme... Cet espace qui n'est sur aucun atlas... aucune carte... un espace que la science, que la raison ne connaît pas... L'espace qui se dérobe, l'espace du mystère... Je voudrais, j'aurais voulu te dire au revoir comme un petit enfant qui joue et ne s'interrompt pas tout à fait... Comme s'il savait que toute séparation est définitive... La maman est perdue... La revoilà... Surprise et bonheur... Apprentissage... Permanence... Illusion par dessus les siècles... En fait tout se désagrège... Toute séparation est définitive... Les enfants le savent... Nous aussi d'ailleurs... En grattant un peu... Toi peut-être tu ne le sais pas, tu sais autre chose maintenant... D'autres lumières, d'autres connaissances... La fin de la douleur, de la contingence... Tout ce qui passe... Les plantes, les arbres, les bourgeons... Les animaux qui courent, les vermisseaux... Le décor mesquin et mal fichu de nos vies... Cette vie que tu aimais avec confiance pourtant, et sans arrières-pensées... Tu es mon baromètre, ma rose des vents, je vois tout à la lumière de cette absence... charnelle... Ce manque... Tu m'épargnes même la culpabilité... Oh, toi non plus tu n'étais pas parfaite... Quelquefois je te sens si proche de moi, si amicale... Une caresse dans les cheveux, un bon regard confiant... Mais quelquefois je suis si bête, ça me panique... Que c'est long de comprendre ce que les gens disent... de comprendre qu'ils disent tous la même chose... que personne ne se comprend... et que tout le monde, mystérieusement, se retrouve...

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Commentaires
D
Merci !
B
Voilà un beau texte ...
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