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roman-blog

25 octobre 2005

F

Oh maman, pourquoi tu ne m'aimes pas ?

Pourquoi ne me comprends tu pas ? Pourquoi n'es tu pas avec moi comme les autres mères sont avec leurs filles ? Tu te moques de moi, tu me méprises, tu m'en veux pour quelque chose, je ne sais pas quoi.

Je croyais être libre, je croyais que maintenant tu ne pouvais plus m'atteindre. Maintenant des amis viennent à la maison, ils ne se tiennent pas bien, ils sont mal habillés, "ils ont l'air louche", mais tu n'oses rien leur dire. Je fais mes quatre volontés, après tout maintenant je suis grande,et tu en as vu défiler des mecs ici. Ça te dégoûtes mais tu n'as plus la force de réagir, tu sais que je peux toujours faire pire. Tu as peur, tu as peur de moi et tu as peur pour moi, tu te rends compte que je me perds, que je suis perdue. Mais tu ne vois que j'ai toujours été perdue, livrée à ta folie. Maintenant ta folie te revient, celle que tu n'as pas voulu voir, celle que tu as dissimulée tant bien que mal à toutes les personnes importantes pour toi , celles qui te font vivre. Je ne parle pas de papa, bien sûr, depuis le temps que vous vous détestez. lui, il est en dehors de la course, de temps en temps il pique une colère, de temps en temps il cherche une complicité avec moi, qu'il ne trouvera jamais, qui n'a jamais existé. Tout cela ne masque pas sa radicale indifférence à ce que toi et moi nous pouvons vivre… livrées à nous même, dans un face à face qui continue, invisible, bien que souvent je ne sois pas à la maison, bien que souvent quand j'y suis nous ne nous voyons pas, enfermées chacune à un bout du petit appartement… Oui, je m'en veux, j'aimerais un autre contact, j'aimerais je ne sais quoi. J'aimerais que la folie tourne ailleurs, un peu plus loin de nous, j'aimerais un répit mais dans ton aveuglement tu ne trouves pas la force de comprendre ça, dans ta folie de reconnaissance tu oublies ça, et tout ce qui compte c'est tous ces types qui te tournes autour, à qui tu fais les yeux doux… À ces moments là je suis une tare, comme pour papa je suis un poids et il n'y a plus rien à faire, que de me tourner vers ma folie ma souffrance, et je me venge comme je peux… Cendriers trop remplis, draps tachés de sang, la crasse qui s'accumule, cette nuit encore j'ai erré dans les rues les squats, tu ne m'as pas vue arriver, la chanson de la folie, de la mort, de la solitude dans ma tête. Dépêche toi, il est encore temps, tu peux encore me trouver, j'ai besoin de toi, j'ai besoin d'exister dans tes yeux, j'ai besoin que tu me voies telle que je suis, j'ai besoin que tu me laisses…

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21 octobre 2005

D

Car tu m'as bien quittée, n'est ce pas ? Cela s'appelle comme ça ? Depuis un an je me persuade du contraire, depuis un an je maintiens la fiction, je ne veux pas voir la réalité telle que chaque jour qui passe la révèle et l'aggrave. Cette fiction, cette histoire que l'on s'est racontée (que tu m'as racontée ?), la liberté que je t'aurais accordée, par amour. Ce comte auquel tu m'as fait croire, auquel j'ai cru, auquel malgré tout, malgré cette terrible année, je crois encore. Cette année où je t'ai cherché dans les ténèbres, dans mes nuits blanches, cette année où je t'ai cherché dans tous les instants de joie que la vie donne à qui aime la vie.

Oui, je suis bien entourée, les gens connaissent mon histoire. Est-ce qu'il y croient ? Peut-on y croire ? Y crois-tu toi-même ? N'est ce pas ton orgueil qui te dresse des mirages, qui te fourvoie sur des chemins de traverse où personne ne te suivra, personne ne te comprendra ? Souviens toi quand je te disais " tiens toi bien dans le monde…"

Reviens, reviens au monde. Ne te paie plus de mots. Tiens ta promesse. Je reprends maintenant ta liberté. Je veux retrouver ton souffle, ton corps.

21 octobre 2005

F

 

"J'allume l'écran, j'y trouve des nuits blanches." Moi la nuit je m'éclate la tête. Le nez collé à mon ordinateur. L'Atlantide ! Les délicates petites vagues autour de l'île, moi je suis là haut, bien au dessus, je fais ce que je veux. Le envahisseurs je les détruis d'un coup de click. Les villes se construisent, s'effondrent en un clin d'œil, à mon gré. C'est joli quand la maison disparaît et qu'on revoit le vert de l'herbe. Un autre jeu : là il s'agit de tuer des gens. Le premier c'est facile, il ne se doute de rien, c'est un gros costaud mais ce connard est en train de pêcher ! Je vous demande un peu ! Il faut ajuster, il arrête pas de bouger… Voilà, c'est fait. Après ce n'est pas difficile non plus, ils sont comme des rats, ils s'enfuient dans tous les sens, ils sont armés… Mon gun ne suffit pas, je prends un bazooka un lance-flammes, en insistant j'arrive à tous les tuer.

Et toi je vais t'éclater la tête. L'autre jour tu m'as laissé tomber ! Ça se passait mal pour moi, j'étais dans un mauvais trip, mauvaise descente, milieu hostile, tu ne t'es pas occupé de moi, tu as fait celui qui ne voit rien ! Pas d'histoire, pas de dénégations, j'ai bien vu comment tu étais, je ne parle pas de ton état, sûrement tu n'étais pas bien non plus, je m'en fous, j'ai bien vu comment tu étais, comment la soi-disant amitié que tu me portes a volé en éclat en un clin d'œil, ces moments là tu sais ça ne trompe pas. Oh tu peux garder ton sourire, ce doux sourire que j'aimais chez toi, maintenant je sais ce qu'il cache d'égoïsme, tu n'as pas pensé à moi ! Tu n'as rien fait pour moi ! Ah oui c'est ça tu ne pouvais rien faire, toi aussi tu n'en pouvais plus. Raconte pas d'histoires, c'est pas une raison ça, et les serments d'amitié tu t'en fiches. Je ne te pardonnerai jamais, tu es comme les autres, tous les autres , vas-t-en casse toi.

Alors il se lève, il s'en va, il sourit toujours, son air doux, résigné, ne l'a pas quitté. Personne autour de lui n'ose rien dire. Je triomphe.

17 octobre 2005

C

Un an , un an bientôt s'est écoulé. Je tiens ma promesse, je reviens. Je vais quitter, presque à regret, ce triste pays de M***. J'ai accompli ce que je voulais, j'ai abandonné une vie qui ne me convenait plus. Ici je n'ai pas cherché à me faire connaître, je n'ai pas cherché à trouver une place, je me suis toujours senti en transit, en voyage. Et les gens, très discrets, très gentils, ont respecté mon besoin de solitude.

Je reviens vers toi. Je n'appréhende pas que tout le monde m'ait oublié. Je le souhaiterais presque. Je souhaiterais en fait qu'on ait oublié cet étrange personnage en vue, que tout le monde saluait dans la rue, que l'on sollicitait de toute part, une espèce de célébrité locale, le poète qu'il est du dernier chic à avoir à sa table quand il y a du monde, quand il y a des gens, des visiteurs, à impressionner. Presque une sorte de moraliste. Qui ne me ressemblait pas, et qu'on prenait pour moi.

Il y avait trop de gens dans ma vie, trop de contacts, de coups de téléphone portable, trop d'actions, trop d'émotions. Trop de haines aussi, trop de luttes, trop de bavardages et trop de non-dits. Ma réputation, la place que je m'étais faite était usurpée,et c'est avec un grand plaisir que je vais retomber dans l'oubli, dans l'anonymat. Car il me restera quelques amis ficèles, et puis…

Voilà, en un an tout ce beau château de cartes se sera effondré. Il ne peut en être autrement, les gens sont oublieux, infidèles. De ma retraite je ramène des bribes , des fragments, des débuts de chansonnette, des souvenirs de rêves, des ciels de vertige, des mouvements de conscience, invisibles et telluriques. Et maintenant ? Écrire une "nouvelle grammaire", trouver une "nouvelle harmonie" ? Oui, cela c'était mon rêve, un rêve de jeunesse (Ô mon Rimbaud !) et bien sûr je ne serai jamais à la hauteur de ce rêve ; mais je voudrais retrouver le chemin vers ce rêve, l'enthousiasme, ce rêve qui m'a donné vie, il y a bien longtemps. Et puis on vit , et puis on oublie. J'ai ramassé les quelques miettes d'une misérable notoriété. Et puis voilà, je les ai jetées,et je suis parti.

Et maintenant je reviens vers toi. Je n'ai pas oublié ma promesse. Je me donne à toi. Je t'appartiens, et il n'y a plus de réticence, cette réticence que tu ne supportais pas. Tu m'as donné la liberté en un geste inouï, surnaturel. Dans mes nuits et mes angoisses et mes recherches, j'ai vu ta solitude et ta souffrance, j'ai vu les ravages de mon orgueil. Par-dessus les monts, les forêts, les brouillards, au-delà des distances, nos âmes se sont retrouvées, t'en souvient-il ?

Qu'en sera-t-il de nos corps ?

10 octobre 2005

ce que F pense de A

Déjà bien du temps a passé, et je pense quelquefois à toi. Tu m'as appris mon vrai pouvoir, ce que je pouvais faire des hommes, du moins ceux que j'arrivais à ne pas craindre. Tu te souviens ? Moi, une adolescente perdue, "très renfermée"... Trois mots dans la journée ! Mes parents s'en fichaient, ce qui comptait pour eux c'était les résultats à l'école. Je ne leur parlais pas, mais eux non plus ! Maman : « Alors, combien tu as eu au dernier DS de math ? » Papa : « Vraiment, tu me coûtes trop cher. » Donc rien de ce coté là, au lycée pas d'ami(e)s, je devais être… différente ? En tout cas ils ne m'intéressaient pas, et c'était réciproque, et impossible d'inviter personne à la maison. Et voilà, lui il était doux, pas comme les autres profs, un peu chahuté, un peu marginal parmi ses collègues, oui, en marge, un peu comme moi… Peut-être la première personne qui s'est vraiment intéressée à moi, sans idée préconçue, sans technique et sans bagage de psychologue ou d'assistante sociale, tout ce que la société compte comme flic plus ou moins déguisé pour maintenir la paix, le bon ordre social, l'état des choses, les apparences.
Et donc, très classiquement, très romantiquement, on est tombé amoureux. On se voyait en cachette, tu te souviens ? On a maintenu notre secret, ce n'était pas difficile, on n'a parlé à personne, à qui on aurait parlé ? Je crois que pour lui j'ai été la révélation de quelque chose qu'il n'avait jamais comprise, jamais connue, un monde s'ouvrait à lui alors qu'il ne faisait qu'en rêver : quelque chose dans le genre de l'éternel féminin, ce genre de fantasmagorie. Moi ça me flattait, j'y ai trouvé mon compte au début, d'être admirée en haut de mon piédestal, je prenais mes poses, les poses qui lui plaisaient. Et puis j'ai pris mes aises avec lui, j'ai commencé à le trouver un peu ridicule, un peu à coté de la plaque, et puis je me suis lassée, lassée de ne pas me reconnaître dans cette image idéalisée et au fond impersonnelle, stéréotypée qu'il me renvoyait. Je l'ai laissé avec ça, et je suis partie, sans trop de précautions. Il ne m'a jamais fait peur. Tu ne m'as jamais fait peur, tu m'as appris à regarder les gens sans terreur, tu m'as appris que tout le monde se trompe, pour ça je te suis reconnaissante, je sais comment tromper les autres sur mon compte. J'ai appris à leur faire peur…
Des gens bien intentionnés m'ont dit qu'il avait eu du mal à s'en remettre, que le seul médicament qu'il avait trouvé ça avait été de retourner dans sa coquille. On a parlé bien sûr de notre histoire, avec cet excitant parfum de scandale : un vieux prof avec sa jeune élève, pensez ! Il a préféré oublier tout ça, il est parti s'installer ailleurs, dans la ville de X***…
Pour moi j'ai appris à repérer cette faiblesse de caractère chez les hommes, cette faiblesse qui me rassure. Oui, je peux leur en donner tant qu'ils en veulent de Lolita de femme fatale. Mais ce n'est pas en suçant mon pouce en faisant l'évaporée que je les tiens, c'est par mes colères froides, mes silences accusateurs, ma clairvoyance impitoyable, incessante.
J'ai abandonné mes études, j'ai grandi depuis ce temps, je me débrouille. Je ne fais plus rien. Mes parents commencent à s'intéresser à moi, à se faire du souci, mais c'est trop tard. Cela m'est une joie d'être une charge pour eux, de les encombrer de ma présence, d'obscurcir leur horizon de petits bourgeois.

Tout va bien. Je m'éclate.

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9 octobre 2005

B

Voilà ça y est c'est passé… Maintenant c'est autre chose, et encore autre chose. En fait on se lasse, c'est ça qui est dommage. Lasse, dommage… Hommage aux grands hommes, qui ne se sont pas lassés… Comme on devient intelligent à contempler la Lune… les fleurs… C'est facile , tout ça… C'est nous qui somme difficiles… Difficiles à supporter, pauvre Terre ! Terre terrible, Terre sans fin, qui tourne, tourne sans fin… Terre de mes aïeux, ciel de mes fiançailles.

Applique toi à bien écrire. Lisible.

Cesse de t'admirer. Pense à Narcisse.

Narcisse !

Mais je suis dans un pays tellement narcissique.

Narcisses, les gens ?

À peine. La délicieuse peine de l'alcoolisme par exemple.

Savoir tricher.

Tricher avec la vie. Une fois qu'on a fait le tour du pâté de maisons, pas vrai ?

Café, débit de boissons… Trouver ici la confuse complicité des autres clients… Abonnés au gros rouge… Le refuge… Le parking !

Défense d'entrer. M'emmerdez pas ! C'est magnifique ! Après tout pourquoi pas, ça ou autre chose… L'amitié, ça va ça vient… Ça tient à un rien… De solides joueurs de pétanques, je préférerais finalement ça à ces sordides jouvençaux… Allez, je dévide ma bile… Obligé de le faire souvent, hélas… La vie n'est facile pour personne, allez… Vous avez le temps de vivre, vous ?

Il pousse en moi une mauvaise graine… Mauvaise graine !  Ce qu'on peut dire à un gosse… Fiston, dis moi, je ne t'ai jamais dit ça ? Oui, si tu veux savoir, j'ai un enfant… J'en ai même deux. Est-ce que ça compte ? Oui, jusqu'à deux… Jusqu'à quatre… Il y en a tellement qui ne savent compter que jusqu'à un. Tout le monde ?

Merci tout le monde alors. Démerdez vous. Les héros modernes… Ceux qu'on voit à la télé… Ceux dont on chante les louanges… Sans compter les carrément ravagés… Les donneurs de leçon… Les politiques ! Les chefs d'entreprise ! De gros bébés emmitouflés dans l'abondance, et qui nous disent qu'il faut travailler, travailler plus, travailler toujours ! Le samedi, le dimanche ! Dans les transports, les avions, à la maison, sans relâche ! Sinon, virés ! Vous ne valez pas le timbre de votre lettre de licenciement ! Allez voir en Pologne, ils voudront peut-être de vous !

Et puis tous ceux qui disent que depuis toujours tout va bien, que tout va de mieux en mieux, qu'on ne peut rien faire contre l'inéluctable progrès du genre humain, ceux qui écrivent l'histoire, qui transmettent les consignes, les mots d'ordre… Allez y, alignez les vos conneries, vos suffisances et vos absurdités ! Couvrez en de pleins rayonnages ! Bibliothèque.. Mais il n'y a plus de livre…; C'est pas plus mal d'ailleurs… La formule n'est nulle part, ce serait trop simple… La formule magique…  

9 octobre 2005

E

Qu'y a-t-il de si merveilleux dans ces moments là ?
Pourquoi me torturé-je tant dans ces moments là ?
et à d'autres d'ailleurs ?
Pourquoi ne pensé-je ne m'intéressé-je qu'à moi ?
etc.
L'envie un peu de se prendre en charge de sortir
De préparer de vagues échéances qui parait-il s'approchent
Souvenirs
Intime décomposition
toute la sève patiemment accumulée
Ah Ah
Penser à ne pas attraper le cancer
Cancer des poumons
Sida etc
Le dit qui dit "génial" et tout le monde est dérangé
Ça devait être moi d'ailleurs au milieu d'un vernissage d'une expo
Qu'est ce que je foutais là je devais être entré par hasard
ou alors c'était autre chose, peut-être à la télé
De minuscules petits trous et la réalité qui traverse

5 octobre 2005

A

Une espèce d'aveuglement pour tout ce qui est devant moi
L'évidence pourtant de la création
Le samedi soir après le turbin
Avant de me retrouver tout seul dans le noir de mes nerfs
Goûtons quelques instants : il fait froid dehors, je suis bien au chaud, j'écris,
Une drôle de musique à la télé, inhabituelle à cette heure là.
Comme j'aime la solitude et comme je la redoute
Surtout l'immobilité le temps perdu le silence qui s'installe
Maintenant je ne me souviens plus de rien de mes dernières souffrances
Où veux tu m'emmener je te suis je ferai ce que tu voudras
Tu as un petit copain un amant
miss D
Il est parti et tu l'attends
J'ai compris qu'une fois de plus là dedans je n'étais rien
Maintenant chaque mot a son poids de mystère
et de signification
Il n'y a plus de frontière entre elle et la lumière
Loin du cœur loin du cœur
Le flamant la tourterelle
Loin

5 octobre 2005

F

Non, je ne pardonnerai jamais à personne. Et vous n'avez pas fini d'entendre mes exigences. Moi la vie ne m'a jamais rien apporté. Et on m'a toujours demandé beaucoup. Beaucoup de choses que je ne pouvais pas donner :

Parce que j'étais trop jeune. Une enfant, en fait. Une enfant livrée à elle-même, entre deux parents qui ne s'entendaient pas. Elle, ma mère, qui rêvait que je fasse une grande carrière dans le sport, le piano, les études ou dieu sait quoi, et qui ne se levait pas le dimanche matin, restait affalée sur son lit, dans sa chambre aux volets fermés, au milieu des volutes de cigarette brune. Mon père dormait dans le salon, il ne fallait pas le réveiller, j'allais me préparer à déjeuner en catimini, terrorisée, angoissée par le travail à faire, les exigences qui allaient tomber dans l'après midi, travailler, faire du sport, non, tu n'as pas le temps d'aller voir tes copines, d'ailleurs elles sont connes. Lui, mon père, uniquement préoccupé de ses combines foireuses, de ses copains, ses rendez-vous, me considérant ostensiblement comme un poids, une entrave, presque une ennemie.

On m'a demandé beaucoup, on ne m'a rien donné. J'essayais de passer inaperçue, tout le monde me trouvait bizarre, renfermée, tu parles !

Un jour j'ai remarqué que malgré tout on me regardait. On me regarde, les hommes surtout, bizarrement. Les femmes, non, elles ne me voient pas, je suis encore trop jeune, si elles savaient ! Les copines, je n'ai pas de copines.

Les hommes me regardent avec une espèce d'admiration, puis de la crainte, puis du mépris, presque de la haine. Et moi aussi je les crains, je les hais, ces espèces de gros types, ces tas de viande sans cerveau, et qui ont l'air d'en être fiers, qui parlent fort et rient entre eux. Ce n'est pas une question d'age, ils sont tous pareils, et je vois autour de moi, elles se laissent faire, elles rient, elle rougissent, mais qu'est ce qu'elles leur trouvent ? Moi il n'y a rien à faire, ils me laissent de glace, quand je vois ce que ça devient après, me retrouver toute ma vie avec un gros corps qui épisodiquement s'agite sur moi en ahanant, en transpirant, puis s'effondre… Partout je vois de ces couples, bien installés dans la vie, soi disant. Tout dans l'apparence. Elle, depuis longtemps dans un bavardage incessant qui n'a plus rien à dire, se contente de torcher les enfants, d'assurer l'intendance, veiller à ce que toujours pour son seigneur toutes les difficultés soient aplanies. Pur lui, il n'y aurait pas beaucoup à gratter, une petite perturbation de la vie quotidienne montrerait vite sa nature profonde : une brute, une brute épaisse, avide de bagarres, de ripailles avec ceux de son clan, prêt à la guerre, impatient de protéger sa famille contre tout danger, réel ou imaginaire. Sa famille pourtant qui l'indiffère, qui le fait soupirer, qui l'agace, ces histoires de bonne femme, ces gosses bruyants et mal élevés.

Non, j'oubliais : dans ce cœur sans état d'âme, sans interrogation, il y a une place particulière pour la figure emblématique de la mère. Ah, la mère, avec ça on ne plaisante pas. Il suffit de sa présence, ou de l'évocation de son nom, pour que la brute plus ou moins policée par la société, plus ou moins robotisée par le travail, soit visitée par une espèce de grâce, ou du moins une certaine gravité. Mais que cela n'efface rien de la dureté de la vie, de la nécessaire rigidité qui doit présider à tous le rapports humains. La tendresse restera réservée à la mère, évidemment ni sa femme ni ses enfants n'en bénéficieront.

Ce qui d'ailleurs n'a pas d'importance. Elle, la tendre épouse, n'a eu que ce qu'elle mérite. Les enfants… Les enfants, je suis de leur coté, encore, on me le fait suffisamment sentir. Mais pour la plupart d'entre eux, ils s'accommodent fort bien de cette situation. Ils y trouvent leur compte. Ceux et celle qui en souffrent, qui se révoltent : ah, comme je les aime ! Je les reconnais, mes semblables, ils sont, ils seront la lie de la société, les délinquants, les drogués, les marginaux, les criminels !    

4 octobre 2005

E

Mille guirlandes de fleurs, vois, le monde est passionnant, viens voir les ravages de l'adolescente et les brasiers qu'elle sème, le désordre, la mort qui vous glace ! Ombre fluette de moi-même, quand donc consentirai-je à vivre ? Le casque intégral, les motos surchauffées, nous sommes partis dans les hurlements, trop vif ton moteur t'a brûlé la tête.

Fanal, fanal, horizon, sceptre. L'envie qui me tenaille, la faim et la soif qui me jettent. Au dessus, bien loin, par dessus bord, à l'extrême limite. Extrême limite…

Virage complet, retour sur soi-même, retour aux vieilles habitudes, pourtant il faut bien que je parle de quelque part ? Il y a un centre ! Pis que ça, des milliers de centres ! des millions milliards !

4 octobre 2005

ce que D pense de A

Rencontré A, hier, à la boulangerie. Ah celui là ! Un roman ! Toi tu as voulu te retirer du monde, perdre de vue toutes tes connaissances, ne plus avoir de relations avec quiconque, lui, sans efforts, ça fait belle lurette qu'il a atteint ce résultat. On sent le type mal à l'aise, maladroit. On ne sait comment l'aborder, il a l'air malheureux et pourtant sûr de lui. Il se vexe si on ne le reconnaît pas, ou si ,l'ayant reconnu, on ne lui adresse pas la parole, mais lui ne reconnaît personne, ne se souvient pas de votre nom, vous confond avec quelqu'un d'autre. Il écoute avec attention ce que vous dites, mais ne répond pas, le mépris dans lequel il tient vos bavardages ou vos idées mal formulées se voit comme le nez au milieu de la figure, il y répond par un silence hautain, la mine presque offusquée. Il y a de l'ostentatoire dans cette attitude, la volonté de blesser, mais aussi de l'innocence. Évidemment tout le monde le fuit. Ce n'est pas difficile d'ailleurs, il ne se mêle pas beaucoup de la vie sociale de notre petite ville de X***. Pourtant bien intégré, sérieux au boulot, une certaine réputation, quelques amis fidèles. Ici tout le monde se connaît, tout le monde le reconnaît, mais lui ne fait pas l'effort de retenir les autres.

Pour moi qui vient d'arriver, et qui ai trouver mon milieu et mes relations bien facilement (les gens sont ouverts, ici, je t'assure, sous des dehors distants, et bien loin des frasques parisiennes que tu as fuies), il me semble qu'il m'a à la bonne. Ah oui : il vit seul, on parle d'un amour malheureux, une fille beaucoup plus jeune que lui, il serait parti pour venir ici, il y a quelque temps. on n'en sait pas plus. Bref, je pense qu'il est amoureux de moi, mais dans le genre transi, un amour adolescent, à son age ! Pour te dire, à la boulangerie, dans la file d'attente je sens un regard sur ma nuque, un regard insistant, je me retourne, je le vois dans une espèce d'extase, me souriant, souriant aux anges, et les anges c'était moi, j'étais visiblement une cohorte d'anges à ses yeux ! Évidemment ça m'a flattée, mais ça m'a gênée aussi, c'était un peu trop, presque maladif. Bref, on s'est fait la bise, ouf heureusement on n'était pas dans la rue, il aurait fallu faire un peu de conversation, et avec lui ce n'est pas facile… Voilà, c'est toute l'histoire. Bah, ça a du mettre un rayon de soleil dans sa vie, et moi je manque de modestie, n'est ce pas ? Non, je ne cherche pas à te rendre jaloux ; mais comme j'aurais aimé que ce soit toi qui m'ait rendu cet hommage, comme tu savais le faire, avant… avant que tu me quittes, car c'est bien de cela qu'il s'agit ? Tu m'as bien quittée, n'est ce pas ?

30 septembre 2005

E

dans le sang de mes veines coule
cette liqueur si douce et si brûlante
maintenant le monde s'efface et je m'endors
seul seul avec moi
avec le plus secret de mon existence

30 septembre 2005

B

Dans le jardin romantique
Nous sommes allés
Ma chère
Nous asseoir et boire un cognac,
Non, calvados en Armagnac,
Villégiature en paysan.
Mais la mer ma chère était tout près
Et nous y allions en caravane.
Pas d'incident pas de bruit les enfants mangent,
Après ils dorment les parents boivent.
Après c'est le silence et la promenade,
Demain c'est les vacances
Et puis il y avait le grand jardin t'en souviens-tu ma chère
Le grand jardin aux mille fleurs romantiques.

30 septembre 2005

E

C'était la perte du plus petit sens commun

Voici ces petits oiseaux ces ronflements de sourd

Dans cette cage tu te sens enfermé

Le soleil t'appelle et tu vois un éclair

Une voiture passe et puis plus rien

Les alhambras et puis ces mille planètes comiques

La lecture d'un ruisseau le grondement d'un ami

Rejoins l'ambassade la lecture l'étude

L'ombre au fond du jardin : écoute !

Les écoutilles se lèvent, parsemées de voiles d'or

C'est la vie éclatée l'immense bonheur

Le trop sérieux bonheur l'âme enfin retrouvée

Et cette rumeur les mille paroles qui voltigent

30 septembre 2005

A

Comme tu es devenu, mon pauvre ami, je ne te reconnais plus. Ici j'apprends la solitude, drôle de solitude, les gens d'ici ne m'intéressent pas. Je n'ai pas su vous intéresser, camarades, il faut dire que je n'y mets pas beaucoup de bonne volonté, je ne suis pas tellement encourageant. Je suis déjà bien content de en plus (trop) souffrir à cause de vous, tout ceci dorénavant m'indiffère. Comme tu es devenu, mon pauvre ami, comme lors de ces tristes années de lycée. Mais maintenant en plus tout est gris tout est terne, à quoi bon se fatiguer. J'ai déjà tout essayé. Une bonne béquille, je ne sais plus marcher, il faut dire que rien ni personne ne vous encourage dans cette ville à sortir à essayer. comme tu es devenu mon pauvre ami, je te plains bien. qu'est ce que ce sera quand les années se seront accumulées, qu'elles auront fui derrière toi… Je n'aime pas cette vie, je n'aime pas cette ville, je n'aime pas comment je suis devenu, comment peu à peu je deviens, renfermé, amer, sauvage, muet.

27 septembre 2005

E

 Littérature quand tu nous tiens
 Volez les anges
 Des pas dans la maison
 La maison d'à coté ?
 Plus de bruit maintenant
 Elle s'est recouchée
 Une autre fois elle a retroussé sa jupe
 Elle a levé écarté les jambes
 Elle gueulait dans la salle de bains et en plus les parents étaient là
 Tout est très vite rentré dans l'ordre
 Je me souviens
 Je me souviens de ça maintenant
 Autre chose : l'hélicoptère qui perçoit le ciel
 De grandes flammes chaleur grondement
 Et puis plus rien

 

Où en était ce vieux rêve quand je me suis réveillé ? Les filles sont toutes parties, plus personne à la maison, je me retrouve avec ma bière. Oh Suzanna… Chanter dans les rues, ou bien taper dans les mains. Où ai-je déjà vu ce garçon qui a l'air si sympathique. Ah je me souviens à ce moment il est sorti…

… Elle est revenue ma princesse mon harmonica ma jambe de bois.

... Mon violon mes vieux os je ferais mieux d'aller me coucher.

26 septembre 2005

B

Suprême dégoût du dimanche matin
Suprême dégoût de la vie de famille
Ce n'est pas encore l'heure de l'apéritif
Après viendra le vin élémentaire le digestif le vieux rhum
Après ça ira mieux
Suprême dégoût des querelles domestiques
Rien… Rien… Aucune issue… Un mur
Aucun intérêt… L'art de se boucher la vie…
Le pire c'est qu'on s'y fait…
Il faut s'organiser :
Qu'est ce que je fais ici alors que je pourrais être ailleurs ?
La glu m'a attrapé
La glu et la facilité
Quelquefois un vague souvenir une vague réminiscence que la vie
pouvait être autre chose
Un peu de joie un peu d'air pur
Un peu de compréhension enfin
Ne parlons surtout pas d'amour
Non un peu de simple amitié
L'oubli des batailles inutiles
Mais quand est ce qu'elle me foutra la paix ?
Qu'est ce qu'elle s'imagine qui me retient ici
son peignoir 3 suisses ses récriminations ses moutards pleurnichards
Sa bonne humeur peut-être ?
Ou ses bons petits plats ?
Ses sublimes idées de féminisme ?
Son incroyable mauvaise foi ?
Ses histoires sur quelqu'un qu"elle a rencontré et qui… et que…
Assez vite j'écoute pas
Ça l'étonne
Me sauver me sauver n'importe où
Je veux bien emmener les enfants
Ça ne me fait pas peur
Elle elle me fait peur
Où veut-elle en venir c'est ça que je comprends pas
C'est l'éternel féminin
Ça doit la venger de quelque chose
Enfin tout ça vous voyez c'est passionnant
C'est la Vie elle-même avec un grand V
Allez salut vous avez compris
Vous en êtes au même point que moi
Tous et toutes tant que vous êtes

l'autre jour en rentrant à pied j'ai entendu
derrière les portes des maisons de ma rue
Les cris les drames les tensions qui montent
Un peu plus loin de la vaisselle qu'on casse
Chez les vieux c'est toujours silencieux
Quelquefois la nuit on entend police secours
On voit le clignotant du car de police qui ensanglante la nuit
Les voisins en chemise de nuit lèvent leurs rideaux blancs
Il y a des mouvements confus dans l'obscurité
Et puis tout rentre dans l'ordre le car repart il emporte
Peut-être une femme que son mari excédé a tabassée
J'ai même entendu dire qu'il y en a qui aiment ça
Que ça rétablit des fois la paix des ménages
Que ça se pratique dans tous les milieux
Je me souviens aussi une autre fois c'était des jeunes
La fille criait psalmodiait plutôt
Arrêtez Arrêtez merde
On entendait aussi des ricanements des bruits de pas précipités
Ils n'ont fait que passer dans la rue
dans l'indifférence la rumeur s'est éteinte doucement

26 septembre 2005

E

Un fantasme : je me fais une injection d'héroïne, non, quelque chose de plus fort, et qui ne serait que pour moi, qui n'existerait que pour moi. En quelque sorte je me fais une injection de E. Le plaisir est inouï, et pourtant ce n'est que de se retrouver comme un petit garçon qui suce son pouce, pelotonné dans une vieille armoire, au fond du grenier. Plus personne n'existe, plus rien n'existe, il reste seulement pour m'accompagner l'image mentale d'un jardin en hiver, immobile et calme. Les rapports humains sont trop complexes, trop fatigants. Là, maintenant, si je voulais, je pourrais m'endormir, m'endormir et dormir, dormir. Je préfère apparemment, pour quelque temps encore, griffonner ces quelques mots, mais qui s'adresseront à qui ? Pour se faire entendre, de quelque manière que ce soit, le travail est immense. Les gens au fond se fichent les uns des autres, ou alors ils sont impitoyables, ils veulent le meilleur en tout, et même devant le meilleur ils font la fine bouche, ils jugent, soupèsent, comparent. Partout il s'agit d'argumenter, d'être plus fort, plus convaincant que le voisin, en fait gueuler plus fort, jouer des coudes, en faire des tonnes, se placer, impressionner… Et pourtant ce qu'il y a à dire d'important, ça va assez vite, non ? Les choses qui vous tiennent vraiment à cœur… Alors que faire de notre vie, dans cette course à la reconnaissance, cette course à son existence reconnue, cette course au succès, où tout le monde perd… Quelquefois ma respiration s'impose à moi, libre et naturelle, je sens mon cœur battre en confiance. Je ne dors pas, et je ne délire pas. Quelquefois. Je suis éveillé et j'oublie toute hostilité. Quelquefois. Je n'ai rien bu, rien pris, et je me sens bien. Quelquefois.

25 septembre 2005

A

Voilà, j'oublie ma solitude, j'oublie ma tristesse. Non, je ne suis pas triste ! Hier, D m'a souri. Elle m'a embrassé ! Elle était là, devant moi, dans ce magasin plein de lumière, elle attendait de se faire servir. Sa seule présence illuminait tout ce décor banal. Il me semble que les vendeuses, les clients n'avaient d'yeux que pour elle, que eux aussi ils étaient illuminés sans le savoir par cette douce et chaude présence. moi j'étais juste derrière elle, émerveillé par sa grâce, émerveillé de voir ses fins cheveux noirs danser sur sa nuque gracile…

Elle a payé, elle s'est retournée, je souriais toujours, elle m'a vu. Elle m'a reconnu ! Elle m'a souri, elle m'a dit « bonjour, A ! », elle m'a embrassé, sur les deux joues, devant tout le magasin ébahi. Nos deux sourires se répandaient dans le silence, dans la lumière…

Bien sûr cet instant de grâce ne pouvait durer éternellement, c'était à mon tour d'être servi, elle avait d'autres courses à faire, évidemment. Nous nous sommes souris encore, on s'est dit « à bientôt », elle est partie, moi j'étais encore dans la lumière, un ange m'enveloppait de sa lumière…

Je sais, je sais que son cœur est pris, qu'elle aime quelqu'un, et que ce quelqu'un… Je ne sais rien de la société, je n'écoute jamais ce qu'il faut, je comprends tout de travers… Ce quelqu'un l'aurait quittée pour une retraite inattendue, et par amour elle l'aurait laissé partir. N'importe, j'ai maintenant avec moi ce doux visage qui m'a souri, qui m'a reconnu, m'a fait revivre…  

25 septembre 2005

E

Là-haut, sur ma montagne de S***, plus personne ne me nuit : hors d'atteinte, et définitivement. Je resterais bien ainsi, pour l'éternité, allongé au pied des cocotiers, à regarder passer les nuages, les gens.

Mais cet instant sans fin me suffit.

« Que rien ne t'arrête, auguste retraite ».

La poésie en mots, en actes.

Sifflement ténu. Fais bien attention à la bande-son

Au pied des cocotiers je dors. Autour de moi les étoiles décrivent des cercles parfaits.

Oui, c'est cela: donner vie, existence et plus à l'univers, le laisser s'épanouir en soi ...

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